L’axe central de cette politique d’aménagement sera la mobilité des personnes, des biens et des services qui contribuent dans des proportions décisives à la croissance, à la compétitivité et à l’attractivité des territoires : mettre les Français à 20 minutes des villes moyennes et à moins d’1h30 d’une métropole connectée au monde ; relier les villes moyennes et les métropoles entre elles ; finaliser le câblage en haut débit des territoires ; développer l’hinterland des grands ports maritimes français afin de connecter nos entreprises avec l’international ; développer de puissantes bases logistiques.
Tirer parti de notre façade maritime pour connecter nos entreprises de production à l’international
La situation de nos ports maritimes est un exemple saillant où l’absence d’une véritable réflexion d’aménagement du territoire a considérablement affaibli la position de la France sur le marché très dynamique du commerce mondial.
Si 90% des marchandises dans le monde sont transportées par voies maritimes et que celles-ci ont crû depuis 1990 1,7 fois plus rapidement que le PIB mondial, les parts de marché de la France se sont continuellement érodées pour arriver à une situation où 50% des marchandises transitant par la France ne passent plus par un port national alors que 72 % de nos échanges extérieurs s’effectuent par le mode maritime.
Et pourtant le potentiel est là. La France dispose du dixième plus long littoral du globe avec trois façades maritimes – au début du couloir Manche et Mer du Nord, en façade Atlantique avancée, au cœur du carrefour méditerranéen – ouvertes sur des passages les plus fréquentés au monde. Les enjeux économiques nationaux sont considérables : l’ensemble des activités maritimes françaises publiques et privées génère un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros et 442 000 emplois directs soit 4 fois le total des emplois dans l’aéronautique et l’espace.
Reconquérir nos parts de marché naturelles, c’est d’abord repenser l’organisation de nos régions – qu’elles soient maritimes ou terrestres – et donner aux ports le rôle d’architecte des solutions logistiques reliant les nœuds portuaires à leur hinterland.
Ainsi Le Havre pourrait devenir la porte d’entrée des marchandises qui alimentent la région francilienne et, au-delà, la fraction septentrionale du pays si le contournement de Paris était mieux assurée. Marseille pourrait alimenter toute la frange orientale si Lyon ne constituait plus un goulet d’étranglement. La Rochelle et Nantes/Saint-Nazaire pourraient rayonner jusqu’au Rhône si une ligne ferroviaire électrifiée permettait une connexion de bonne qualité.
Ces objectifs reposent sur la réindustrialisation des territoires et singulièrement sur :
• La valorisation des dessertes ferroviaires portuaires pour favoriser le développement d’un mode de transport massifié de marchandises alternatif à la route. En étant plus fiable et moins cher, le rail est devenu en Allemagne le moyen de transport prépondérant pour des trajets de plus de 150 km.
• L’appariement du maritime et du réseau fluvial. Ce dernier représente 25% du réseau européen mais n’assure que 4% du transport de marchandises contre 12% en Allemagne et 14% en Belgique.
• Le développement de villages de fret qui, à l’instar des GVZ allemands (Güterverkehrszentrum), rassemblent transporteurs, logisticiens et industriels générateurs de trafic maritime. En optimisant le transbordement de conteneurs, l’entreposage de flux et les connexions intermodales, les villages de fret accélèrent les échanges et stimulent significativement l’activité économique dans leur zone d’implantation.
Ce n’est que dans un cadre de réflexion global d’aménagement des territoires que nos ports maritimes – désenclavés – retrouveront leurs rôles stratégiques et contribueront à restaurer la compétitivité de la France.
Relancer les investissements publics pour mettre la France au diapason du XXIème siècle
Depuis 2009, les investissements publics français baissent de 1,5% par an et cette tendance devrait continuer à se dégrader en raison des réductions prévues des dotations aux collectivités territoriales. Des mesures proactives sont nécessaires pour sortir l’économie de son état précaire d’équilibre investissement faible-croissance faible.
C’est en sortie de période de crise que l’investissement public a le plus fort effet d’entraînement sur l’économie.
Une étude du Fonds Monétaire International de mai 2015 montre que, dans les conditions économiques actuelles, des investissements publics équivalant à 1% du PIB produisent une croissance de 2% la 1ère année et de 2,5% à moyen terme. Cette croissance s’accompagne d’une réduction du taux de chômage de 0,5 point la 1ère année et de 0,75 point à moyen terme.
L’effet multiplicateur de l’investissement public est par ailleurs d’autant plus important que celui-ci est financé par l’emprunt plutôt que par des ressources budgétaires. Enfin l’accroissement du montant de la dette nationale, consécutive à une augmentation des investissements publics utilisés à bon escient, n’altère pas le risque souverain du pays émetteur.
L’efficacité de la politique d’investissements publics est cruciale et la sélection, la mise en œuvre et le suivi des opportunités devront être conduites avec une grande rigueur pour assurer les retours attendus.
Les investissements publics ne devront pas provoquer d’effet d’éviction des investissements privés.
Outre les actions du plan d’aménagement des territoires, la politique d’investissements portera sur des projets concourant à nourrir l’écosystème d’innovation, à réduire le fardeau énergétique, à augmenter la productivité et à valoriser les atouts culturels de la France.
L’État laissera aux régions la responsabilité du choix de la majorité des investissements (≥ 75% du total) pour assurer la prise en compte des réalités du terrain et l’implication des responsables locaux.
Le montant total du programme d’investissements que nous proposons sera de 3 à 4% du PIB – soit 70 à 90 milliards d’euros
Par comparaison, le plan Juncker prévoit un volume d’investissements de 315 milliards d’euros sur la période 2015-2017 soit 2% du PIB de l’Union européenne et le Programme d’Investissements d’Avenir, en exécution depuis 2010 en France, porte sur une enveloppe globale de 47 milliards d’euros.
Compte tenu de l’état des finances publics du pays et pour optimiser le retour sur actifs, le programme d’investissements sera financé par un appel public à l’épargne comprenant une tranche en capital et des tranches obligataires. La tranche en capital permettra aux particuliers de s’approprier les actifs ainsi constitués et d’être pleinement associés à leur gestion et à leur rendement. L’ensemble de l’opération sera autofinancé et le rendement global des titres émis sera couvert par un fléchage des bénéfices générés.