« La bataille industrielle des années qui suivent le déclenchement de la mondialisation après la réunification allemande, l’écrasement de Tiananmen et la chute de l’Union soviétique n’a pas été lue. Nous n’avons cessé de la subir. Pire, nous avons pris des directions opposées à nos intérêts stratégiques. On pourrait écrire un long texte, comme tant de rapports l’ont fait, mais la lecture des quarante-sept interviews de ce livre conduit à établir un récit à peu près clair d’un événement qui pèse encore de tout son poids sur notre équilibre politique et social en France aujourd’hui, et qui pèsera encore longtemps sur notre avenir de nation indépendante. Stopper la désindustrialisation est une nécessité, réindustrialiser est possible. Une nécessité, car l’industrie engendre souveraineté, fierté, équilibre du commerce extérieur, elle est la source première des gains de productivité et paie des salaires supérieurs à la médiane, elle concentre une part prépondérante de la R&D privée, elle fait travailler de nombreuses entreprises de services, fournit dans les territoires des emplois très complets, manuels et intellectuels, qui correspondent aux aspirations d’une partie de la France qui ne s’épanouit pas dans les emplois de bureau et dans les grandes villes. Une nécessité politique, car la France ne peut se satisfaire d’être la plus désindustrialisée des vieilles nations industrielles du continent. »
Nicolas Dufourcq ; La Désindustrialisation de la France ; Odile Jacob, 2022