« Je découvre peu à peu un Conseil au fonctionnement surprenant. Jamais je n'avais connu une administration aussi mal et scandaleusement gérée. J'en suis gêné au point d'en avoir honte.
C'est ainsi qu'un ancien membre continuait depuis longtemps à recevoir une petite rémunération. Il ne faisait plus rien. J'y ai mis un terme. Il n'est pas content et me le dit.
J'apprends de la même façon que l'un de mes prédécesseurs, en quittant les lieux, s'est fait verser une confortable indemnité. Qu'un autre est parti avec une voiture officielle, ou plus exactement qu'il l'aurait achetée pour un euro symbolique ! Naturellement il n'a pas fait changer la carte grise et le Conseil, depuis de nombreuses années, reçoit les procès-verbaux pour infraction au stationnement... Nous n'avons jamais retrouvé le véhicule. Il paraît que l'intéressé l'aurait revendu, mais il ne sait plus à qui.
Un salarié du Conseil est employé depuis plusieurs années sans jamais avoir signé le moindre contrat de travail et, au fil du temps, certains membres du personnel ont pris beaucoup de liberté avec les horaires... Un employé ne vient à son poste qu'en fin d'après-midi et demeure sur place une partie de la soirée, sans que j'arrive vraiment à savoir ce qu'il y fait. « Il s'occupe un peu d'informatique », me dit-on... Les chauffeurs rentrent chez eux le soir avec les voitures de l'administration. Ils ne travaillent que quatre jours par semaine... Les heures supplémentaires sont généreusement payées pour un personnel dont la durée d'activités hebdomadaires a été fixée à 32 heures au lieu des 35 légales.
Je découvre aussi que des commerces contigus au Conseil se sont branchés sur notre réseau d'électricité. Par conséquent, ils nous font régler leur consommation. Dans le même temps, les locaux, particulièrement le dernier étage, sont dans un état de délabrement stupéfiant. Aucune des conditions de sécurité imposées par notre législation n'a été respectée.
Les comptes de la maison ne sont pas tenus comme ils devraient l'être et donnent lieu, au sein même du Conseil, à des rumeurs persistantes qui pourraient, si elles étaient avérées, déboucher sur des poursuites pénales. »
Jean-Louis Debré, Ce que je ne pouvais pas dire, emplacement 288
Moralité : Installez quelques chefs raisonnablement honnêtes et courageux, et ça ira mieux.