« Par délibération du 28.09.2016, le conseil de territoire de Grand Paris Seine Ouest a prescrit l’élaboration d’un règlement local de publicité intercommunal, se substituant aux règlements communaux existants (dont celui de Chaville) dans le but notamment de renouveler les mobiliers urbains de GPSO (5 villes sur 8 et Chaville est concerné). Une concertation citoyenne et institutionnelle a été engagée dans le but de finaliser un règlement d’ici le début de l’année 2019 (voir https://www.seineouest.fr/RLPI.html). Le conseil communal de développement durable de Chaville et la fédération d’associations Environnement 92 (Chaville Environnement y est représenté) ont émis un avis critique sur le projet. Le grand public est invité à s’exprimer sur l’adresse concertation-rlpi@seineouest.fr. Le point saillant des critiques concerne la publicité lumineuse numérique. Le développement des nouvelles technologies en matière d’écrans lumineux numériques, explose sous des formes les plus variées : fixes ou dynamiques, pilotables à distance avec des tailles de plus en plus grandes et une course au gigantisme qui semble sans limites. L’écran de la Seine Musicale est emblématique de cette technologie.
Les avantages mis en avant par les industriels pour ces écrans numériques cachent de sérieux inconvénients : atteinte à la santé physique et mentale, consommation énergétique excessive, source de pollution nocturne et de déchets toxiques, atteinte à la biodiversité animale.
La lumière bleue émise par les LED « blancs » de ces panneaux affecte la qualité du sommeil en bloquant la sécrétion de la mélatonine. Dans le cas de l’écran géant de la Seine Musicale, la puissance émise est telle que les riverains sont obligés de se claquemurer derrière leurs volets pour ne pas être incommodés par cette illumination continue. De plus, la dynamique des images de cet écran, visibles des voies à grande circulation (RD7), attire l’attention des automobilistes, motocyclistes et cyclistes au point de provoquer des accidents. On comprend que les riverains et les passants considèrent cet écran comme une agression quotidienne.
- Les écrans avec des images mobiles attirent l’attention des individus exposés dans 78% des cas et déclenchent une action dans 50% des cas . Il s’agit de manipulation mentale. Ceci aggrave le fait que nous baignons déjà dans la publicité dans notre vie quotidienne.
- Les écrans numériques LED consomment 7 à 13 fois plus d'énergie que des affichages traditionnels mais les led consomment 10 fois moins d'énergie que les panneaux rétro-éclairés par halogène. En partant du principe de fonctionnement de 12h/jour toute l’année, et selon que la consommation soit de 250W/m2 (source…) ou de 780W/m2 (source : voir point n°26), un écran de 12 m2 consomme annuellement entre 3 kW et 9,36 kW.). Ces chiffres, pour l’écran de 800 m2 de la Seine Musicale, sont près de 70 fois plus élevés. Ces chiffres sont énormes !
- L’empreinte écologique de ces écrans numériques est plus forte que les afficheurs papier déroulants, contrairement à l’argumentation des industriels. Ceci provient des méthodes polluantes de recyclage des déchets notamment les métaux rares (indium, galium par exemple) dont les réserves s’épuisent.
- Comme pour l’éclairage public, les panneaux lumineux impactent fortement les comportements et la synchronisation biologique de nombreuses espèces animales puisque 30 % des vertébrés et 60% des invertébrés sont nocturnes. La lumière artificielle ronge de plus en plus les zones d’obscurité naturelle et affecte de plus en plus la biodiversité des écosystèmes, surtout dans les zones urbanisées. Le cas le plus extrême est l’écran de la Seine Musicale qui éclaire comme en plein jour une large zone de la Seine et des deux rives. Les insectes, oiseaux, amphibiens et poissons sont particulièrement affectés.
Nos préconisations sur l’ensemble du projet
- Le RLPI doit traiter de toutes les enseignes lumineuses numériques temporaires. La réglementation doit évoluer sur ce point. Inscrire les autorisations relevant des pouvoirs du Maire (affichages, enseignes & autres installations), en cohérence avec les principes édictés dans le RLPI (ex. locaux temporaires / promotion immobilière).
- Restreindre fortement, voire supprimer, les publicités lumineuses (dont numériques) de taille 4x3m2, en fixant des obligations et modalités formelles d’extinction desdites publicités en conséquence. L’allongement de la période d’extinction de 22h à 7h (au lieu de la période 1h-6h) est un minimum. Le fait que les éco-quartiers qui sont exempts de publicité pour éviter la pollution visuelle comme celui du fort d’Issy les Moulineaux, devrait être un modèle à généraliser pour l’avenir.
- Supprimer l’écran lumineux numérique de 800 m2 de la Seine Musicale.
- Interdire tous les affichages rétro-éclairés par halogènes
- Les enseignes lumineuses sur les abribus doivent être éteintes à la fin du service
- Bannir le rétro éclairage des bâches publicitaires sur les chantiers ou les immeubles.
- Ne pas autoriser les marquages publicitaires éphémères sur les trottoirs
- Maintenir la protection, déjà requise par la réglementation actuelle, des secteurs d’habitat résidentiel et du centre urbain en y restreignant les possibilités de publicité sur les propriétés privées
- Incidemment, privilégier la présence publicitaire dans les zones d’activités et sur les axes structurants (N10) tout en réduisant son impact paysager par des restrictions de nombre et de format
- Pour les communes (dont Chaville) qui doivent renouveler leur mobilier urbain, les préconisations ci-dessus s’appliquent même si les règlements de publicité locaux anciens ou récents existent et sont pour certains assez protecteurs. En plus, il faut que l’île Seguin devienne un site protégé pour le mobilier urbain publicitaire. »
Bulletin de Chaville Environnement, juin 2018